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  • Lina Carmen
  • Auteur avant tout pour la jeunesse, mon roman "L'émeraude oubliée : l'évasion", tome 1 sort en juin 2014, avec les éditions La Bourdonnaye. Les deux autres tomes suivront fin 2014 et en 2015. J'écris aussi pour les adultes avec deux autres roman
  • Auteur avant tout pour la jeunesse, mon roman "L'émeraude oubliée : l'évasion", tome 1 sort en juin 2014, avec les éditions La Bourdonnaye. Les deux autres tomes suivront fin 2014 et en 2015. J'écris aussi pour les adultes avec deux autres roman

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20 novembre 2011 7 20 /11 /novembre /2011 21:00

Entre le travail, ma formation et l'écriture de mon roman, j'ai pris le temps d'écrire cette petite nouvelle qui me trottait dans la tête. Je ne lui ai pas encore trouvé de titre. Dites-moi ce que vous en pensez !

 

fantastique9

 

 

Le centre des voyages passés formait une immense boule cristalline auréolée de lumière. Décidemment, dés que l’argent affluait, l’homme ne pouvait se contenter de simples locaux, il lui fallait du grandiose, rien que du grandiose.

L’intérieur était à la hauteur de ses prétentions extérieures : marbre blanc étincelant, gravures d’or sur les murs, pièces rares sous vitrine. Tout me rappelait que seuls les riches pouvaient entrer ici. Bien entendu, ce n’était pas mon cas.

Né dans les solitudes désolées d’une cité misérable, je n’avais jamais connu autant de luxe. Par contre, je connaissais parfaitement le regard de ces jeunes filles qu’on appelait « tournante », les vomissures des alcooliques sur les trottoirs, les seringues des drogués abandonnées dans les cages d’escalier, la décomposition des murs sous la moisissure, mais surtout je connaissais parfaitement ces visages délavés par tant de souffrances, terrorisés par tant de violence, ces regards vides de tout espoir, résolus à l’inévitable.

Mais moi, je ne pouvais me résoudre. Je ne le voulais pas. C’est pourquoi je me suis lancé dans le trafic de la Camélia. Un très joli nom pour la dernière drogue dur. Une simple toxine prélevée sur un crapaud qui était une race en voie de disparition. Aujourd’hui, grâce aux propriétés hallucinogènes de cet amphibien, on trouvait des milliers de clones du dernier survivant. Eh oui ! Il fallait une découverte de ce genre pour que son espèce survive… 

Grâce au pactole que je me suis ramassé, j’avais enfin l’occasion de passer à l’acte.

« Tout est en règle, m’annonça l’hôtesse en refermant mon dossier. Vous allez pouvoir effectuer votre voyage dans une petite heure, le temps d’effectuer les réglages de la machine. »

J’acquiesçais d’un signe de la tête, peu enclin à partager quoique ce soit avec cette blonde rondelette qui n’avait jamais connu les affres de la faim. Je ne pensais qu’à mon objectif.

Il était facile de faire croire à ces friqués que je désirais revoir une dernière fois ma mère morte depuis peu. Il s’agissait d’une raison courante. Beaucoup de riches obtenaient ce voyage pour revoir un disparu, ne serait-ce que quelques heures. Bien qu’on ait inventé la machine à remonter le temps, on était loin de découvrir les secrets de l’immortalité.

J’avais emmené un sac de voyage afin de ne pas éveiller les soupçons, mais mon arme était précieusement cachée dans les plis de ma veste. Malgré une fouille minutieuse, ils ne pouvaient soupçonner sa minuscule existence.

Je suis entré dans la machine. Une simple cabine à l’image d’un ascenseur, le sofa capitonné en plus.

« N’oubliez pas, me rappela mon hôtesse. Jeudi à 15h, vous devez être revenu dans la machine, sinon nous serions obligés de vous récupérer nous-mêmes. »

Je souris. Dans trois jours, ils ne penseront plus à moi. Dans moins de trois jours, je serais débarrassé de ce monde agonisant qui était le mien depuis ma naissance.

Un voile opaque apparu. Un grésillement métallique crépita autour de moi avant qu’une lumière irréelle me rende momentanément aveugle. La blancheur de la lumière s’éteignit progressivement pour laisser apparaître une obscurité épaisse.

Ferme et résolu, j’attendis calmement que la machine s’arrête. Elle sembla se cabrer puis le silence revint. Petit à petit, des ombres se firent visibles. Je pouvais distinguer les battants de la porte. Cette dernière ne tarda pas à s’ouvrir, laissant apparaître une cave des plus banales.

Afin de permettre les voyages dans le passé, les scientifiques avaient prévu un ancrage physique dans tout le 20ème et 21ème siècles : une cave poussiéreuse dans un bâtiment désaffecté. Ils s’étaient arrangés pour que ce vieux bâtiment reste inhabitable durant les deux derniers siècles.

J’allumais ma lampe torche. Je n’avais pas une seconde à perdre. Je devais agir aujourd’hui même. Je me précipitais vers la sortie. Le soleil m’éblouit un moment avant que je puisse reprendre ma course vers mon objectif. Le métro n’étant pas loin, il ne ma fallut qu’une dizaine de minutes pour arriver devant le Mac Do.

Je la vis à travers la vitre. Elle était bien là, comme convenu, prenant son repas avec lui avant de prendre son service. Elle semblait heureuse. Elle pouvait l’être avec la nuit qu’elle venait de passer ! J’avais retrouvé son journal intime. Je savais tout de cette période. Malgré l’emprise de la misère sur sa triste vie, elle avait trouvé l’amour. L’amour avec un grand A comme elle s’était plu à l’écrire. Foutaises ! Vu la suite des événements, elle s’était bien fait avoir. Comme tant de jeune fille de son âge.

Mais tout cela sera bientôt fini. Je ne vais jamais voir la tristesse dans ses yeux, sa descente dans l’enfer de l’alcool. Je ne vais pas non plus voir la détresse de mon petit frère, lui si fragile qui s’est tant attaché à moi.

C’était pour lui que je faisais tout ça. Habituellement, les gens s’y prenaient avec plus de simplicité. Oui mais voilà. Je ne pouvais pas le faire souffrir davantage, lui, le seul être que j’ai jamais vraiment aimé. J’ai su le protéger jusqu’à maintenant mais je ne pouvais plus. J’en étais devenu incapable.

D’un coup de dent, je me décidais à découdre la doublure de ma veste pour y attraper mon arme. Elle était là, au fond de ma main, prête à accomplir ma délivrance. Une fois à l’intérieur, je commandais trois cafés. Discrètement, je la fis tomber dans l’un des gobelets. — Salut ! clamais-je à mes nouveaux amis. Alors, il parait que vous avez vu le dernier Spielberg hier ? continuai-je en disposant mes cafés devant eux.

— Oui ! s’écria t-elle les yeux pétillants. C’était formidable ! Il y avait de ces effets spéciaux ! A vous couper le souffle !

Son compagnon me regarda avec suspicion. Mais je la connaissais bien. Je savais qu’en lançant ce sujet elle en oublierait de me demander qui j’étais. Par réflexe elle porta le gobelet à sa bouche, bu une gorgée tout en continuant avec entrain son monologue.

 Mais le plus beau, c’était l’histoire d’amour. C’était si romantique !

Elle reprit une gorgée, encore et encore. La pilule commençait à faire de l’effet. J’avais des fourmillements dans tout le corps. Les bruits environnant se firent plus étouffés. Ma vision se troubla. J’observais mes mains. Elles commençaient à disparaître.

Elle posa son gobelet. Il était vide. C’est la dernière vision que j’eus avant de disparaitre. Ma mère avait avalé la pilule abortive. Mon suicide était réussi.

 

De Lina Carmen

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commentaires

S
Vas savoir...<br /> J'avais commencé une nouvelle sur ce thème, à base post-apo dans l'idée "il faut empêcher la fin du monde".<br /> Je sais plus où j'ai fichu le fichier !<br /> <br /> Parfois, il suffit de bien peu de choses...<br /> Par exemple, une expérience dans un labo qui loupe, parce qu'un imbécile a ouvert la porte et provoqué un courant d'air qui a tout refroidi mal à propos. Ou bien un enfant qui se fait écraser en<br /> traversant la rue et ne sera pas, une fois grand, le cinglé qui assassine tel ou tel grand personnage, à moins qu'il aie été destiné à devenir le sauveur de l'Humanité, ce moutard...<br /> <br /> Tiens... Va savoir si le déséquilibre hormonal causé par la perte du foetus ne va pas amener la mère de ton héros à concevoir un autre enfant qui deviendra un terrible activiste qui fera sauter le<br /> centre des voyages dans le temps ?
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S
Ah ça, pour ce qui est d'être original, c'est original et on ne peut plus efficace.<br /> J'ai quelques inquiétudes concernant les éventuelles conséquences imprévues (car dans sa vie, ce pauvre gars a sûrement agi sur ceci ou cela qui du coup ne se produira pas et vas savoir si ça ne<br /> changera pas la face du monde ?)<br /> Efficacité totale, il ne connaîtra aucun des malheurs qu'il a vécus...<br /> Suicide superbe et sans bavure !<br /> Son petit frère naîtra quand même, par contre et il ne pourra pas tenter de le protéger, mais ça n'entre pas en ligne de compte dans l'efficacité d'un suicide...<br /> <br /> Pour ce qui est de la clarté de cette histoire de bâtiment... Heu... Ben...
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L
<br /> <br /> Tu crois vraiment qu'une seule personne peut changer la face du monde ? Si c'était le président de la république, un politicien ou même un flic, peut-être. Mais là, c'est quand même un type des<br /> plus banals. Finalement, il ne changerait la vie que de quelques proches sans grandes conséquences.<br /> <br /> <br /> E tu as raison, il n'a pas été capable de se rendre compte qu'il manquerait essentiellement à son petit frére, qu'il serait livré à lui-même et qu'il finirait certainement trés mal. Rien que<br /> pour lui, il aurait dû vouloir vivre.<br /> <br /> <br /> <br />
S
"Afin de permettre les voyages dans le passé, les scientifiques avaient prévu un ancrage physique dans tout le 20ème et 21ème siècles : une cave poussiéreuse dans un bâtiment désaffecté. Ils<br /> s’étaient arrangés pour que ce vieux bâtiment reste inhabitable durant les deux derniers siècles." ===> choisir un bâtiment resté inhabitable sur les deux derniers siècles, non ?<br /> <br /> Ou alors, la découverte de cette technique est déjà ancienne, et tu pourrais le signaler lors des explication sur cet espèce d'agence touristique supra-méga-luxe...
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L
<br /> <br /> En fait, j'ai pensé qu'une fois qu'ils aient trouvé le moyen de voyager dans le temps, ils se sont rendus au début du 20ème siécle pour encourager un homme fortuné à acheter ce<br /> bâtiment. Ce dernier serait l'ancêtre du propriétaire de l'entreprise qui a racheté les droits d'exploitation de la machine à remonter le temps. Ce bâtiment s'est transmis de génération en<br /> génération avec une spécificité : l'obligation de le garder inhabité tout en l'entretenant un minimum. Et si quelqu'un dérogé à la régle, il risquait de perdre la fortune familiale, un cabinet<br /> d'avocat y veillant. Pareillement, ce cabinet d'avocat va subsister pendant ces deux siécles avec cette même obligation. Comme dans Retour vers le futur (le 3 je crois) ou un document est<br /> transmis sur plusieurs générations pour arriver dans le présent... en fait je m'en souviens vaguement.<br /> <br /> <br /> J'espére que j'ai été clair ! Les voyages dans le temps, ce n'est pas toujours simple de les expliquer clairement. Et puis, il est difficile de donner toutes ces explications dans le texte,<br /> surtout que ce n'était pas mon objectif. Mon but était de montrer une façon originale de se suicider... enfin, si les machines à voyager dans le temps pouvaient exister !<br /> <br /> <br /> <br />
H
Bonjour béa,<br /> <br /> je suis revenue lire ta nouvelle et une fois de plus je suis emplie d'admiration pour ta plume et ton imagination.<br /> <br /> Gros bisous et continue tu es sur la voie du succès !<br /> <br /> Helene
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E
elle est triste cette histoire... Mais réussie ! Bisous
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L
<br /> <br /> Bonjour Elo ! Je dirais même qu'elle est morbide ! La prochaine nouvelle, promis, ce sera plus joyeux. Bisous. Lina<br /> <br /> <br /> <br />